CA Righini, A Karkas, N Morel, E Soriano, E Rey t


l’al imentation a fait chuter r ad icalement la f ré quence de ce
syndromeetdecetype decancer [60] .
Les carences vitaminiques, notamment en vitamines A [61] et C
[62] , liées à une alimentation mal équilibrée faciliteraient
l’éclosion des cancers d’une façon générale par l’intermédiaire
d’une accumulation de radicaux libres [63] . La moindre inci-
dence des cancers en cas d’alimentation riche en légumes et en
fruits est incontestable ; c’est ainsi que le risque de cancer de
l’oropharynx et de l’hypopharynx est 3 à 5 fois moindre selon
l’importance relative de ce type d’aliments [4] . L’alimentation
mal équilibrée avec un excès de consommation de graisses
d’origine animale, qui caractérise les patients ayant un cancer
des VADS, pourrait être l’expression d’un contexte socioécono-
mique, ou la traduction des désordres générés par l’alcoolisme
autant que d’être de réels facteurs épidémiologiques ; la valeur
statistique de leur association au risque de cancer diminue
notablement lorsque les données sont ajustées sur le tabac et
l’alcool [64] (grade C).
En raison de l’implication probable de carences vitaminiques
dans la cancérogenèse des cancers des VADS, des essais
thérapeutiques basés sur l’administration de dérivés de la
vitamine A ont été réalisés. Mackerras et al. ont montré que
la prise de bêtacarotène pouvait diminuer le nombre de cancers
des VADS [65] (grade C). Dans une première étude, Hong et al.
avaient montré que l’administration d’un dérivé de la vitamine
A, l’isotrétinoïne, pouvait prévenir l’apparition d’un second
cancer, chez les patients ayant déjà eu un cancer des VADS
[66] (grade B) ; ces résultats ont été infirmés par la même
équipe [67] (grade A), dans une étude randomisée de phase III
ayant inclus plus de 1000 patients. Dans le groupe de patients
ayant reçu 30 mg/24 h d’isotrétinoïne, l’apparition de seconds
cancers n’était pas significativement diminuée par rapport au
groupe n’ayant pas reçu de traitement. Ces résultats sont en
accord avec une étude française du GETTEC (Groupe d’étude de
tumeurs de la tête et du cou) [68] (grade B), qui avait montré
l’absence de bénéfice de l’administration d’un rétinoïde pour
prévenir l’apparition d’un second cancer.
Immunodépression
Dans la population des patients infectés par le VIH (virus de
l’immunodéficience humaine), le taux de cancers, toutes loca-
lisations confondues, a tendance à augmenter ; les cancers des
VADS n’échappent pas à cette évolution épidémiologique [69].
Plusieurs explications sont possibles :
l’augmentation de la longe´ vite´ lie´ e aux traitements
antiviraux ;
l’immunode´ pression qui favorise l’apparition de le´ sions
pre´ ne´ oplasiques susceptibles de de´ ge´ ne´ rer en cancer, comme
cela avait e´ te´ de´ montre´ de` s la fin des anne´ es 1980 [70] ;
la fre´ quence e´ leve´ e de l’intoxication alccolotabagique et
l’addiction pour les stupe´ fiants, dont le cannabis, pour une part
des patients infecte´ s.
Facteurs professionnels
Les facteurs professionnels sont difficiles à apprécier, car sou-
vent étudiés dans des populations de patients ayant un cancer
des VADS, rarement dans des études cas-témoins. Il est difficile
de faire la part des choses entre l’intoxication alcoolotabagique
et l’exposition à un éventuel toxique, ce d’autant que les
patients sont le plus souvent incapables de préciser à quelle
exposition ils sont soumis, du fait d’activités multiples avec des
postes de travail variables. Le facteur « temps » est également
à prendre en compte. Les études toxicologiques étant souvent
rétrospectives, le facteur temps est difficile à évaluer. C’est dire
qu’il faut prendre avec beaucoup de précautions les données
sur les expositions professionnelles dans ce type de cancers.
Quelques études ont observé un rôle pathogène à certaines
expositions comme les métaux, en particulier le nickel [71], les
polyvinyles [72] , les vapeurs de diesel [73], les aérosols d’huile
[74] et enfin l’amiante [75] . Bien connue pour être la cause de
nombreux cancers du poumon et de la plèvre, l’amiante est
donné, dans les travaux de Muscat, comme facteur d’une
élévation modérée mais non significative de la fréquence
des cancers des VADS ; en revanche, il est prouvé que l’ex-
position augmente le risque chez le sujet tabagique [76] (grade
C).
Il ressort de notre analyse de la littérature que :
l’essentiel des publications cliniques et fondamentales portait
sur le tabac et l’alcool ;
pour les autres facteurs de risques identifie´ s, les publications
e´ taient anciennes, en particulier en ce qui concerne les facteurs
nutritionnels et professionnels ;
la plupart des publications cliniques avaient un faible niveau
de preuve scientifique (grade C , niveaux 3 et 4).
Discussi on
L’analyse des résultats traduit le retard qui a été pris en ce qui
concerne l’analyse des facteurs de risque des cancers des
VADS ; ils soulignent la nécessité de combler ce retard par le
biais d’études incluant un grand nombre de patients, de façon
prospective, en ayant recours à des analyses statistiques ap-
profondies multivariées et ce, dans le but de faire ressortir
l’impact de chacun des toxiques sur l’incidence des cancers des
VADS. Cela suppose une prise de conscience de la part de
l’ensemble des médecins qui prennent en charge ce type de
cancer, en particulier les spécialistes d’organes que sont les
otorhinolaryngologistes et les chirurgiens maxillofaciaux, de la
nécessité de rechercher par l’interrogatoire d’autres facteurs de
risque que le tabac et l’alcool.
Ceci suppose également une collaboration entre ces spécia-
listes d’organes mais également les médecins généralistes, les
épidémiologistes, les nutritionnistes et les médecins du travail.
À l’heure actuelle, ce type de collaboration n’est pas optimal, du
moins en France. Or il est impératif de colliger un maximum de

Facteur s de risque des cancers de la cavité buccale, du pharynx (cavum exclu) et du larynx


« grands-buveurs, non-fumeurs » , et à 15,5 chez les « grands-
buveurs, grands-fumeurs » . Ces résultats ont été confirmés par
les travaux de Tuyns et al. [45] (grade C) à la fin des années
1980.
En termes de localisations, plusieurs études ont mis en évi-
dence que les 3 localisations les plus fréquentes parmi les
cancers des VADS en cas d’intoxication alcoolique étaient :
la cavite´ buccale ;
l’oropharynx ;
l’hypopharynx .
Dans une étude menée par l’Institut Curie à la fin des années
1980, si le RR était de 1 chez les buveurs de moins de 40 g
d’alcool/24 h, il s’élevait chez les buveurs de 160 g et plus à
67,8 pour le larynx, 88,7 pour l’oropharynx, 257.,5 pour l’hy-
popharynx et 579 pour la cavité buccale [46]. Le risque parti-
culièrement élevé en ce qui concerne la cavité buccale a été
confirmé [47] .
Autr es facteurs de risque
Facteurs viraux
Le rôle des virus dans la genèse des cancers des VADS reste
incertain. Il n’y a pas de preuve de la relation causale entre ces
cancers et les adénovirus , les cytomégalovirus ,le virus vari-
celle-zona (VZV),le virus herpétique humain 6 (HHV-6). En
revanche, d’autre virus sont incriminés. Ce sont les virus de la
famille des Human Papilloma Virus (HPV) [48,49] .
Une étude épidémiologique rétrospective portant sur 292
patients atteints d’un carcinome des VADS et 1568 sujets
témoins a montré, par détermination de la séropositivité
HPV-16 , que le risque était significativement associé à l’infec-
tion par l’ HPV16 (RR = 2,2) ; dans cette étude, les auteurs ont
montré que le risque était dépendant du site anatomique, avec
un niveau particulièrement élevé dans les cas de tumeurs de
l’amygdale (RR = 10,2) et de la base de langue (RR = 20.7), par
rapport aux autres localisations [15] . D’autres études ont
montré la présence de particules virales en plus grande quan-
tité, 50 % en moyenne, dans les tumeurs de la cavité buccale et
de l’oropharynx, par rapport à la muqueuse normale et ce, qu’il
y ait ou non intoxication alcoolotabagique [48,50] . C’est ainsi
que Smith et al. ont montré l’intérêt de rechercher l’ HPV dans
les cellules épithéliales de la cavité buccale collectées par
brossage, pour l’identification des patients à risque de déve-
lopper un carcinome épidermoïde, indépendamment du degré
d’intoxication alcoolotabagique [51] .
En revanche pour les tumeurs du larynx, alors que la papillo-
matose laryngée est liée à l’infection par HPV, le risque de
dégénérescence est faible et semble plus lié à une intoxication
tabagique concomitante [52] .
Deux types d’HPV sont carcinogènes : les HPV 16 et 18 . Pour
certains auteurs, ils agiraient en entraînant soit une mutation
de TP53, soit une inactivation des protéines p53 et Rb par
l’intermédiaire de 2 oncoprotéines virales E6 et E7 [53]. Pour
d’autres auteurs, ils n’interviendraient que comme cocarci-
nogènes [54] .
Même si les études ne sont pas unanimes quant à la participa-
tion de l’ HPV dans la cancérogenèse des carcinomes des VADS,
il est vraisemblable que cet agent infectieux rende compte
d’une partie des carcinomes des VADS diagnostiqués chez les
patients n’ayant pas d’intoxication alcoolotabagique (5 à 10 %
en fonction des études) [40] .
Cannabis
Déjà signalée par Almadori [55] en 1990 en Italie, la consom-
mation de marijuana fait actuellement l’objet d’études aux
États-Unis pour expliquer l’augmentation des cas chez les
adultes de moins de 40 ans atteints de cancer des VADS, en
particulier de la langue mobile [7] . Ces études épidémiologi-
ques sont appuyées par des données expérimentales sur des
modèles animaux [56].
Le risque de développer un cancer des VADS avec la marijuana
est dose-dépendant (fréquence et durée de l’intoxication) [57].
Par ailleurs, il existe souvent une consommation de tabac et
d’alcool simultanée, ce qui rend difficile la détermination du
rôle respectif de chacun des toxiques. Des études épidémiolo-
giques avec des analyses statistiques multivariées sont donc
nécessaires.
État dentaire
Il est habituel de souligner le mauvais état dentaire des
patients pris en charge pour un cancer des VADS. Toutefois il
est difficile de faire la part entre ce qui pourrait être le reflet
d’un contexte socioculturel et ce qui serait un agent causal
incontestable. Nous pouvons malgré tout supposer que les
traumatismes dentaires répétés sur des chicots dentaires, les
modifications du pH salivaire engendrées par une infection
chronique peuvent avoir un rôle, au moins comme cofacteurs,
dans la genèse de ces cancers [58] (grade C).
Seule une étude chinoise a conclu qu’un mauvais état dentaire
pouvait être un facteur de risque indépendant pour les cancers
de la cavité buccale [59] (grade C). Toutefois, la plupart des
études tendent à montrer que l’impact de l’alcoolotabagisme
prévaut largement sur le contexte dentaire ou prothétique
dentaire.
Facteurs nutritionnels
Un cas p articulier mérite d ’être ind i vidu alisé, celui d u syn-
drome d e Plummer-Vins on ou Kelly Patterson, dé crit simul-
tané ment et respectiveme nt aux Éta ts-Unis et en Grande-
Breta gne [7] . I l s’agit d ’un syndro m e associan t une ané m ie
sidé ro péniqu e et une atr ophie d es muqueuses digestiv es,
retrouvé d ans 5 0 à 90 % d es cas d e cancers de la région
du rétrocricoïde (sou s-localisat ion h ypoph a ryngée), no t am-
ment chez la fe mme, et ce en de ho rs de toute exogénose.
L’améliorat i on de la di ététiqu e avec l’ap port de fer d ans

Facteur s de risque des cancers de la cavité buccale, du pharynx (cavum exclu) et du larynx


On parle de facteurs de risque génétique lorsqu’un individu est
génétiquement prédisposé à la maladie cancéreuse ou plus
susceptible de développer un cancer après exposition à un
agent cancérigène. Pendant très longtemps, la notion de fac-
teurs de risque génétiques et cancers des VADS était un sujet
polémique. Plusieurs études ont suggéré l’existence d’une
« susceptibilité » individuelle aux carcinomes des VADS [22].
La notion de sujets « prédisposés » à développer un carcinome
des VADS repose, entre autres, sur le rapport des CDC (US
Centers for Disease Control) stipulant que sur les 46 millions de
fumeurs américains, seulement 40 000 à 50 000 développaient
chaque année un carcinome des VADS, soit moins d’un sujet
fumeur sur 1000 [23] .
Le métabolisme des carcinogènes du tabac et les systèmes de
réparation des lésions de l’ADN sont 2 mécanismes dont on
connaît des différences d’activité d’origine héréditaire, pou-
vant, au moins partiellement expliquer une variabilité de
sensibilité des individus aux méfaits du tabac.
Néanmoins la notion de cancers des VADS familiaux n’est
actuellement pas admise.
Génétique et métabolisation des carcinogènes du tabac
Au niveau de l’organisme, les carcinogènes du tabac sont
métabolisés par des enzymes dont le rôle majeur est leur
élimination. Certains des gènes codant pour ces enzymes ont
un polymorphisme. Pour un individu, hériter d’une enzyme à
activité réduite peut conduire à une accumulation excessive de
toxiques et à une diminution des capacités de détoxification.
Des études épidémiologiques ont été menées afin d’identifier,
parmi les polymorphismes des gènes impliqués dans le méta-
bolisme des carcinogènes du tabac, ceux pouvant constituer
des facteurs de risque pour les carcinomes des VADS [24] . Les
glutathions-S-transférases (GST) forment une famille d’isoen-
zymes qui catalysent la conjugaison du gluthation sur des
substrats électrophiles. Ce sont des enzymes qui ont un rôle
majeur dans la détoxification de nombreux composés.
Dans la population caucasienne, 2 génotypes homozygotes nuls
de GSTM1 et GSTT1 sont détectés chez respectivement 40 et
15 % des sujets. Dans les 2 cas, il s’agit d’une double délétion
du gène avec comme conséquence une absence totale d’en-
zyme. La double délétion de GSTM1 [25] et l’association des 2
génotypes homozygotes nuls de GSTM1 et GSTT1 augmentent
le risque de carcinome des VADS [26].
Les cytochromes P450 forment une famille d’enzymes qui
intervient également dans le métabolisme de nombreux toxi-
ques. Parmi eux, rappelons les cytochromes P450 1A1
(=CYP1A1 MspI) et 2E1 (=CYP2E1 PstI) qui métabolisent le
B( a)P en B( a)P-diol-époxide [25]. Il est décrit chez certains
sujets une hyperactivité du CYP1A1 associée à une augmenta-
tion des adduits du B(a )P sur l’ADN et une augmentation
du risque de cancer du larynx et de la cavité buccale chez
les fumeurs [15] . Il a été montré que l’association d’une
hyperactivité du CYP1A1 et du génotype GSTM1 nul constituait
un risque multiplicatif pour les carcinomes des VADS [25].
Génétique et réparation de l’ADN
De nombreux systèmes de réparation permettent le maintien
de l’intégrité du génome et les altérations subies par la
molécule d’ADN peuvent être réparées. Les carcinogènes du
tabac étant à l’origine de dommages sur l’ADN, il est conce-
vable qu’une variabilité des systèmes de réparation entraîne
chez le fumeur une variabilité du risque de cancer.
Deux tests de sensibilité à des agents mutagènes ont été mis au
point à partir de cultures in vitro de lymphocytes circulants :
un test direct de re´ activation cellulaire en utilisant un « ge` ne
reporter » alte´ re´ par le benzo(a)pyre` ne - diol- e´ poxide (BPDE)
[27] ;
un test indirect qui e´ value la sensibilite´ de la cellule aux
mutage` nes [28] , dans lequel sont comptabilise´ es les cassures au
niveau de la chromatine apre` s exposition a` un cytotoxique
(ble´ omycine) ou au BPDE .
Ces tests effectués sur des patients ayant un carcinome des
VADS et sur des patients témoins fumeurs (appariés sur la
consommation de tabac) mais indemnes de cancer, ont montré
qu’il existait un nombre de sujets ayant une sensibilité aux
carcinogènes et un défaut de réparation de l’ADN significative-
ment plus élevé dans le groupe des sujets porteurs d’un
carcinome des VADS. Les altérations des systèmes de répara-
tion de l’ADN peuvent être constitutionnelles ou acquises. Des
altérations constitutionnelles pour 2 gènes spécifiques de la
réparation de l’ADN ont été documentées pour les carcinomes
des VADS. Il s’agit des gènes XRCC1 et hMLH1. XRCC1 intervient
dans la réparation des cassures double brin de l’ADN. hMLH1
intervient dans la correction des discordances qu’il peut exister
dans la séquence des nucléotides entre les 2 brins d’ADN ; son
dysfonctionnement favorise l’apparition d’instabilités microsa-
tellitaires, elles-mêmes favorisant une instabilité génomique.
La présence de 2 polymorphismes de XRCC1 (XRCC1 26304 CC et
28152 AA) ou la baisse d’expression constitutionnelle de
hMLH1 sont associées à un risque accru de carcinomes des
VADS [29,30] .
D’autres anomalies sont acquises lors de la cancérogenèse. Ces
anomalies peuvent favoriser, en retour, l’accumulation pro-
gressive d’anomalies impliquées dans le développement du
cancer. L’interactivité qui existe entre les mécanismes de la
cancérogenèse et les mécanismes susceptibles de les contrer
crée les conditions propices au bouleversement complet de
l’homéostasie cellulaire.
Sous l’effet conjoint du tabac et de l’alcool vont s’accumuler, au
sein des cellules exposées, des radicaux libres, dont le benzo
( a) pyrène-diol-époxide à l’origine de l’altération, par oxyda-
tion, des nucléotides constitutifs de l’ADN [31] . Une vingtaine
d’altérations de ce type ont été répertoriées dans les carci-
nomes des VADS, dont la plus fréquente est la 8-oxo-guanine

CA Righini, A Karkas, N Morel, E Soriano, E Rey t


bétel, et les noix d’Arèque ; ce type de consommation est très
répandu en Inde, à Taiwan et dans de nombreux pays d’Asie du
Sud-Est, mais également dans les populations migrantes issues
de ces régions géographiques [8] . L’utilisation du tabac sous
cette forme est tenue responsable d’une très forte augmenta-
tion de l’incidence dans ces pays, de la fibrose sous-muqueuse
de la cavité buccale, en particulier chez les sujets jeunes et
indépendamment de la durée de consommation. Il s’agit d’une
lésion prénéoplasique qui est irréversible et sans traitement
connu. Le pourcentage de dégénérescence en carcinome mal-
pighien est particulièrement élevé.
Cependant, même utilisé seul, le tabac chiqué est toxique. C’est
ainsi que Schantz et Guo-Pei [9] ont attribué l’accroissement
des cancers de la langue chez les jeunes adultes aux États-Unis
à la forte augmentation de tabac à chiquer, confirmant le
rapport de l’ International Agency for Research on Cancer (IARC)
de 1985 [10] .
Aucune donnée épidémiologique concernant le tabac à priser
n’était disponible dans la littérature.
En France, c’est en 1954 qu’une première étude rétrospective
de 4000 malades atteints de cancers des VADS et un nombre
égal de sujets témoins non fumeurs a permis d’établir une
différence significative entre les 2 groupes, et donc d’imputer le
tabac comme facteur de risque [7] . Vingt ans plus tard en
Grande-Bretagne, Doll et Peto démontraient que le risque de
mortalité par cancer des VADS chez les fumeurs par rapport aux
non-fumeurs était augmenté de 2 à 12 en fonction de la
localisation, à l’exception des cancers des cavités rhinosinu-
siennes et du cavum [11] (grade C). La corrélation entre le
risque accru de cancer chez les fumeurs et le siège du cancer est
probablement liée aux modalités du passage de la fumée de
tabac au contact des structures anatomiques, le contact se
faisant successivement avec les lèvres, la cavité buccale, l’oro-
pharynx, l’hypopharynx et le larynx. Szekely et al. [12] ont
montré que la sensibilité de la muqueuse au tabac et à l’alcool,
et donc le risque de développer un cancer, était décroissante de
la cavité buccale vers le larynx, avec un risque maximal au
niveau buccopharyngé, probablement par un contact plus étroit
et prolongé de la muqueuse avec les agents toxiques.
La consommation de cigarettes est la plus répandue, loin
devant celle du cigare et de la pipe. Une cigarette se compose
de 1 g de tabac, enrobé de papier qui est fait de chanvre, de lin
et autres ingrédients pour améliorer sa combustibilité. La
fumée de cigarette résulte de la combustion incomplète du
tabac. Elle contient 5 milliards de particules/mL ; ces particules
proviennent de la zone de combustion et sont générées par 3
réactions qui se produisent simultanément :
une pyrolyse qui de´ compose le tabac en petites mole´ cules ;
une pyrosynthe` se avec production de nouveaux composants ;
une distillation de certains composants du tabac . L’intensite´ de
ces re´ actions est directement lie´ ea` la tempe´ rature de
Physiopathologiquement, au sein de ces particules, 4 groupes
de substances sont distingués :
la nicotine ;
le monoxyde de carbone (CO) ;
les irritants (phe´ nols, alde´ hydes, acrole´ ı¨ ne) ;
les substances cance´ rige` nes regroupe´ es en sous- classes dont
les 3 plus importantes sont les nitrosamines spe´ cifiques du
tabac , les arylamines et les hydrocarbures aromatiques
polycycliques dont le plus connu est le 3,4-benzo(a)pyre` ne
(3,4-BaP).
Les substances cancérigènes sont, pour une partie d’entre elles,
dissoutes dans la salive. Il s’agit en fait, pour la plupart, de
procarcinogènes inactifs rendus actifs grâce aux cytochromes
P450 1A1 [13] . C’est ainsi que le 3,4-Ba P est transformé en un
carcinogène actif : le benzo (a ) pyrène-diol-époxide. Des
travaux ont montré que le benzo ( a) pyrène-diol-époxide
agissait directement sur l’ADN (acide désoxyribonucléique),
plus précisément au niveau des exons 4, 5, 6, 7 et 8 du
gène TP53 [14,15] , gène clé dans la carcinogenèse des cancers
des VADS [16] . Il existe d’autres sous-classes de produit re-
groupant plus de 50 substances cancérigènes [17] .
Nous notons que le CO et la nicotine ne sont pas classés parmi
les substances cancérigènes. Toutefois, concernant la nicotine,
une étude faite in vitro sur des lignées cellulaires de cancers des
VADS a montré qu’elle pourrait être impliquée dans l’altération
du mécanisme d’apoptose [18] . Ce travail n’a jamais été
confirmé par d’autres études.
Le risque de cancer croît avec l’intensité et l’ancienneté du
tabagisme, avec une relation « dose-effet » . Le seuil critique se
situerait à 20 paquets-années, ce qui correspond à une
consommation d’un paquet de cigarettes par jour pendant
20 ans. Outre la consommation et l’ancienneté du tabagisme,
d’autres facteurs entrent en jeu :
l’inhalation de la fume´ e, qui augmente le risque [19] ;
la longueur du me´ got , car c’est dans le me´ got re´ duit que
s’accumule le plus de substances toxiques ;
le filtre dont le roˆ le reste controverse´ , diminuant le risque pour
certains auteurs, ne changeant rien pour d’autres [19] ;
le type de tabac , le tabac brun e´ tant plus toxique [20] .
La cigarette est plus toxique que le cigare car celui-ci ne
comporte pas de papier, ce qui engendre une température
de combustion moins élevée et donc une production de parti-
cules moins importante ; il en est de même pour la pipe [19] .Le
tabagisme passif a été mis en cause dès le début des années
1980, le risque cancérigène pour un conjoint non fumeur étant
de 3 par rapport à un sujet témoin non exposé [7].
La poursuite de l’intoxication tabagique après guérison d’un
premier cancer facilite l’apparition d’un second cancer des
VADS. Dès le début des années 1980, Silvermann et al. avaient
montré que la fréquence d’apparition d’un second cancer était
de 18 % chez le sujet ayant arrêté de fumer et de 30 % en cas

Facteur s de risque des cancers de la cavité buccale, du pharynx (cavum exclu) et du larynx


pronostic de ces cancers reste médiocre, 35 à 40 % à 5 ans tous
stades et localisations confondues [5]. Un des moyens de faire
baisser la mortalité de ces cancers est la prévention primaire
mais cela nécessite, entre autres, d’individualiser parfaitement
les facteurs de risque susceptibles d’être impliqués dans la
survenue de ces tumeurs.
Même si l’alcool et le tabac demeurent les 2 toxiques majeurs
identifiés, il semble que d’autres facteurs, notamment environ-
nementaux et alimentaires, puissent être liés à la survenue des
cancers des VADS chez des patients non alcoolotabagiques. Le
but de notre travail était de faire le point sur les facteurs de
risque des cancers de la cavité buccale, du pharynx et du larynx
à partir des données de la littérature.
Méthodes
La recherche documentaire s’est faite à partir de la base de
données informatisée Medline (1980–2007) en utilisant
comme mots clés : « head and neck cancer » , « squamous
cell carcinoma », « Tobacco » , « Alcohol » ,
« epidemiology », « carcinogen » , « oncogenesis ». Ont été
exclues de ce travail toutes les publications relatives au cancer
du rhinopharynx compte tenu d’une épidémiologie très parti-
culière liée à ce type de cancer et de la nature histologique des
tumeurs rencontrées dans cette localisation anatomique.
Seules les publications traitant des cancers malpighiens de la
cavité buccale, de l’orohypopharynx et du larynx ont été
retenues.
Les auteurs de ce travail ont fait une première sélection
d’articles. Une seconde sélection a été faite par un médecin
ORL senior à partir des premiers articles sélectionnés. Des
études antérieures citées dans les articles retenus, ou ne faisant
pas partie de la base de donnée, ont été incluses en fonction de
leur pertinence. Quatre types d’études ont été sélectionnés :
e´ tudes e´ pide´ miologiques ;
e´ tudes toxicologiques ;
e´ tudes cliniques ;
recherche fondamentale.
Les facteurs de risque retenus l’ont été en fonction de leur
fréquence d’apparition dans les études.
Parmi les études cliniques, seules celles comportant un nombre
important de patients ( >50) ont été retenues. Pour ces pub-
lications, notre travail s’est appuyé sur le guide d’analyse de la
littérature et gradation des recommandations (A, B, C), publié
par l’Anaes en janvier 20006, afin d’évaluer le niveau de preuve
apporté en fonction de différents critères résumés dans le
tableau I .
Pour les études fondamentales, seules les publications
émanant d’équipes reconnues pour leurs travaux dans le
domaine de la cancérogenèse des cancers des VADS et décri-
vant un mécanisme de cancérogenèse ont été retenues.
S’agissant d’une étude descriptive, il n’a pas été réalisé de
méta-analyse statistique.
Résulta ts
La recherche sur la base informatisée Medline a permis de
retrouver 258 articles. Après la première sélection opérée par le
groupe de lecture, 110 articles ont été retenus. Après relecture
par le médecin ORL senior, 77 ont été définitivement retenus. Si
l’on exclut les publications de l’OMS [3] et la classification de
l’Anaes [6] , parmi les 75 publications restantes, 29 concer-
naient des études épidémiologiques, 18 des études fondamen-
tales, 17 des études toxicologiques et 11 des études cliniques.
Dans le chapitre qui suit, pour les études cliniques, le niveau de
preuve selon la classification de l’Anaes est indiqué entre
parenthèses.
Tabac
Le tabac peut être fumé, prisé ou chiqué. En France, le tabac
prisé et à chiquer est d’utilisation très marginale et représente
moins de 0,4 % du tabac consommé [7] . Le tabac à chiquer est
beaucoup moins toxique, mais il peut donner lieu à des cancers
des lèvres ou de la face interne des joues, car il peut être
mélangé à d’autres toxiques que sont la chaux, les feuilles de
Tableau I
Niveaux de preuve scientifique fournis par la littérature et force
des recommandations (Anaes, 2000)
Niveau de preuve scien tifique fourni
par la littérature
Force des
recommandations
Niveau 1 Grade A
Essais comparati fs randomisés de
fort e puissance
Preuve scientifiqu e
établie
Méta-a nalyse d’essais comparatifs
rando misés
Analyse de décision basée sur des
étud es bien menées
Niveau 2 Grade B
Essais comparati fs randomisés
de faibl e puissance
Présomption
scientifiqu e
Études comparative s non
rando misées bien menées
Études de cohorte
Niveau 3 Grade C
Études cas-témoin s Faible niveau de preuve
scientifiqu eEssais comparati fs avec série
his torique
Niveau 4
Études comparative s com portant
des biais importants
Études rétrospecti ves
Séries de cas
Études épidémiologiques descr iptives
(tran sversale, longitudi nale)

Facteurs de risque des cancers de la cavi buccale, du pharynx (cavum exclu) et du larynx


Christian Adrien Righini1, 2 , 3
, Alexandre Karkas1
, Nils Morel 1
, Edouard Soriano 1, 3
,
Emile Reyt 1, 3
1. Clinique ORL, Pôle tête et cou et chirurgie répara trice, CHU de Grenoble, F-38043 Grenoble, France
2. Unité Inserm UJF/U82 3, Centre de recher che Albert Bonniot, F-38042 Greno ble, France
3. Unité Joseph Fourier , Grenoble I, F-38000 Grenoble, France
Correspondance :
Christian Adrien Righini, Clinique ORL, Pôle tête et cou, CH U de Greno ble F-38000
Grenoble , France.
Tél. : +33 4 76 76 56 93
Fax : +33 4 76 76 51 20
CRighini@ch u-grenoble.fr
Disponible sur internet le :
27 mai 2008
Reçu le 11 mai 2007
Accepté le 12 mars 2008
Summary
Risk factors for cancers of the oral cavity, pharynx (cavity
excluded) and larynx
Objective > To review the risk factors for squamous cell carcinoma
of the oral cavity, pharynx, and larynx.
Met hods > Revie w of the lite ratur e usin g the Medli ne di gital
database (1980 – 2007). Previously published studies or studies not
ound in the database were included if relevant. Four types of
studies were selected: (1) epidemiological, (2) toxicologic, (3)
clinical, and (4) fundamental research. Publications concerning
cancer of the nasopharynx were excluded. This work is based upon
he ANAES guide for analysis of the literature and rating of
guidelines, published in January 2000.
Results > The principal risk factors are tobacco and alcohol. Other
isk factors, particularly infectious (viral) or environmental (nutri-
ional and occupational) , are also involved. From this analysis we
conclude that: (1) most clinical and fundamental publica tions
concern smoking and alcohol use; (2) studies of other risk factors are
elatively old, especially those concerning nutritional and occupa-
ional factors; (3) most publications have a low level of scientific
Résumé
Objectif > Faire le point sur les facteurs de risque des carcin omes
épidermoïdes de la cavité buccale, du pharynx et du larynx.
Méthodes > Revue de la littérature à partir de la base de données
informatisée Medline (1980 – 2007). Des études antérieures citées
dans les articles retenus, ou ne faisant pas partie de la base de
données, ont été incluses en foncti on de leur pertinence. Quatre type
d’études ont été sélectionnés : (1) études épidémiologiques ; (2)
études toxicologiques ; (3) études cliniques ; (4) recherche fonda-
mentale. Ont été exclues de ce travail toutes les publication s relatives
au cancer du rhinopharynx. Notre travail s’est appuyé sur le guide
d’analyse de la littérature et gradation des recommandations, publi ée
par l’Anaes en janvier 2000.
Résultats > Les facteurs de risques principaux sont le tabac et l’alcool.
D’autres facteurs en particulier infectieux (virus) ou enviro nnemen-
taux (nutritionnels et professionnels) sont également impliqués. Il
ressort de notre analyse que : (1) l’essentiel des publications cliniques
et fondamentales portent sur le tabac et l’alcool ; (2) pour les autres
facteurs de risques identifiés, les publications sont relativement
anciennes en particulier en ce qui concerne les facteurs nutrit ionnels
et professionnels ; (3) la plupart des publications ont un faible niveau

EBOMFS-Announcement


36
INTRODUCTION: The European Board of Oro-Maxillo-Facial
Surgery (EBOMFS) in common with other European Boards
of recognized UEMS-Specialties is conducting RQ (Recogni-
tion of Qualification) – Assessments. The European Board
exists to enhance the standards of training and practice
through different means. Among those is the EBOMFS –
Assessment, which will give the title of “Fellow of the
EBOMFS“. The Assessment is voluntary and does not affect
free movement of doctors in Europe.
ELIGIBILITY: Candidates for the R.Q. – Assessment must
satisfy one of the three following terms.
— Recognized specialists in oral and maxillofacial surgery
in one of the countries of the E.U. where the specialty is
based on a medical and dental degree.
— Recognized specialists in oral and maxillofacial surgery
in one of the countries of the E.U. where the specialty is
based on a medical degree.
— Recognized specialists in oral and maxillofacial surgery
in one of the countries of the E.U. where the specialty is
based on a dental degree, provided this specialist also holds
a medical degree.
The candidate for the R.Q. – Assessment shall have been
a recognized specialist in oral and maxillofacial surgery for
at least 3 years. It shall be demonstrated that he or she has
effectively practised oral and maxillofacial surgery during
this period. It shall be proved that he or she has shown con-
tinuing scientific and/or continuing medical training interest
in the specialty.
STRUCTURE: The assessment will be in three parts.
1. Curriculum vitae and logbook in English.
2. Multiple Choise Exam (MCQ) in simple English.
3. Oral interview of the candidate.
The Oral Examination will be carried out using one out of
the following four languages: English, French, German,
Spanish. Exceptionally, if the candidate cannot cope with
any of these four languages and do not agree with the
offered suggestion should  contact the Secretary General
for further proposals in order to find appropriate examiners
for Oral Assessment. The oral interview will last one hour
and consists of two parts:
A. Questions convering the whole scope of the specialty.
B. Case report. Each candidate must be ready to present
three well documented personal cases: (using slides, photo-
graphs, medical imaging, casts, histology, laboratory fin-
dings etc…).
Candidates who do not pass the first part will not be per-
mitted to enter the second part. Each part of the assess-
ment will be conducted by a panel of three assessors
selected by the board. The chairman of each jury will be
from the same country as the candidate. The decision of the
assessors will be final.
The fee for the assessment will be 400 € payable with the
application for the assessment. A copy of the bank draft
or a cheque must be enclosed. The fee cannot be refunded.
The deadline for Application for the 2006 Assessment will
be the 1st of February 2006. The assessment will take place
just before the XVIII EACMFS – Congress in Barcelona,
Spain, from Sept. 12th to Sept. 16th, 2006. Specialists
wishing to enter this assessment or wishing to obtain
further instructions and application forms should contact
the Secretary General of EBOMFS of their national represen-
tatives.
Helsinki 2005
Secretary General, EBOMFS/UEMS, Dr. Risto Kontio
European Board of Oro-Maxillo-Facial Surgery
(EBOMFS), Dept. of Oral and Maxillofacial Surgery, Helsinki
University Hospital, 00029 HUS, FIN, pfl: +358 9 47188212,
pvt: +358 00 400292, fax: +358 9 47188505, email:
risto.kontio@hus.fi

Carcinomes des lèvres


les tumeurs de grande taille (> 2 cm), ou en présence d’adé-
nopathie, on demande une tomodensitométrie de la région
cervicale pour mieux juger de l’extension locorégionale.
Traitemen t
Les carcinomes épidermoïdes labiaux relèvent de la chirurgie
d’exérèse avec plastie de reconstruction (techniques de Dief-
fenbach, Bernard, Abbé, Estlander, Gillies, McGregor, Ginestet,
Meyer et Shapiro, Johansen, Fries, etc.) [10].
L’aspect fonctionnel est un élément primordial de toute recon-
struction labiale.
Les carcinomes de plus de 2 cm de diamètre associent un
évidement ganglionnaire cervical prophylactique, éventuelle-
ment combiné avec la radiothérapie selon le nombre de gang-
lions atteints et la présence de ruptures capsulaires. Pour
certains, un évidement ganglionnaire au moins sus-hyoïdien
est indiqué d’emblée pour toute tumeur supérieure à 1 cm.
La technique d’exérèse par étapes de Mohs nécessite une
équipe entraînée et demeure peu pratiquée en France.
La radiothérapie directe sur la lesion, et particulièrement, la
curiethérapie est actuellement exceptionnelle.
Le taux de survie à 5 ans est > 80 % pour tous les auteurs e
peut atteindre 96,7.
Autres carcinom es labiaux
Les tumeurs malignes des glandes salivaires accessoires la
biales sont exceptionnelles, comparées à celles des glande
salivaires principales ou accessoires dans d’autres localisation
(palais). Les cylindromes (carcinomes adénoïdes kystiques) e
les tumeurs muco-épidermoïdes sont surtout localisés à la lèvre
inférieure. L’aspect est celui d’un nodule qui devient ulcéré
Leur évolution est plus ou moins rapide et les métastases son
relativement précoces.
Le carcinome basocellulaire est le plus fréquent des cancer
cutanés. Il est exceptionnel dans sa localisation sur le versan
cutané labial, plutôt supérieur. Le développement de la tumeu
est lent et sa malignité est purement locale. L’aspect typique
est celui d’une ulcération cutanée entourée d’un bourrele
perlé. Le type le plus fréquent est l’épithélioma plan cicatricie
( figure 8 ). Les formes ulcéreuses ou infiltrantes sont possibles
Conflits d’intérêt s : aucun
Figure 7
Carcinome verruqueux commissural gauche
Figure 8
Carcinome basocellulaire de la lèvre supérieure
Référence s
[1] Fédé ra tion nation ale d e s observatoires
régionaux de la santé. Le cancer dans les
régions de France. Col lection «Les études du
réseau des ORS » 2005. http://www.f nor-
s.org/fnors/ors/travaux/synth esekcer.pdf .
[2] Menegoz F, Lesec’h JM, Rame JP, Reyt E,
Bauvin E, Arveux P et al. Lip, oral cavity and
pharynx c ancers in France : incidence,
mortality and trends (period 1975 – 1995).
Bull Cancer 2002;89 :419 -29.
[3] Szpirglas H, Ben Slama L. Pathologie de l
muqueusebuccale.EMC.Paris:Elsevie
1999. (pp. 141 – 170).
[4] Pi ette E. Pathologie des lèvres. Trait
de pathologies bucc ale et maxillofa ciale

L Ben Slama


matoire plus ou moins important est présent dans le stroma.
Plusieurs types histologiques peuvent être distingués selon le
degré de maturation kératinocytaire (carcinomes différenciés,
peu différenciés, indifférenciés). Le moins différencié est le
arcinome à cellules fusiformes. Des cellules indépendantes,
usiformes, ressemblant aux sarcomes y sont observées.
’étude immunohistologique permet de trouver dans le cyto-
plasme de quelques cellules des filaments de cytokératine, ce
qui signe l’origine épidermoïde de ces tumeurs.
e pronostic des carcinomes épidermoïdes infiltrants (« grading »
histologique) est fonction de multiples facteurs : taille initiale de
a tumeur (T de la classification TNM), présence ou non de
métastases ganglionnaires homo- ou controlatérales, type his-
ologique (les formes moins différenciées étant en principe plus
évères), l’existence d’un certain degré de neurotropisme et
enfin la topographie. Les cancers de la lèvre, comparés à ceux des
autres cancers des VADS, ont en principe un bon pronostic.
Forme s clin iques partic ulières
Cancers du versant muqueux de la lèvre inférieure
Cette localisation est fréquente dans les populations qui ont
’habitude de garder du tabac dans le vestibule buccal, surtout
en Inde, au sud est asiatique mais aussi au Soudan [4] ; le tabac
est maintenu dans le vestibule, soit avec de la chaux éteinte
« catachu » ) soit avec une noix ou feuille de betel ( « pan »)ou
noix d’Arèque. Au Cambodge, le bétel chiqué est une habitude
éminine, et ce type de cancer est le plus prépondérant chez la
emme. Enfin chez les patients qui placent du tabac à priser
dans le vestibule buccal inférieur, des leucoplasies typiques peu
ymptomatiques se développent, uniformes mais mal
irconscrites (figure 6 ). C’est en particulier le cas aux Etats-Unis
urtout chez les femmes ( snuff dipper’s keratosis). L’âge
avancé et une consommation anormalement élevée d’alcool
ont des facteurs favorisant l’apparition du cancer.
e carcinome épidermoïde adénoïde kystique ou cylindrome,
are dans cette localisation, n’est qu’une variante du carcinome
épidermoïde se développant à partir des glandes salivaires
accessoires de la face interne des lèvres.
Cancers de la commissure labiale
Ces tumeurs sont rares (4 % des cancers des lèvres). La lésion
est une ulcération fissuraire à base indurée dont l’extension se
produit avec prédilection vers la muqueuse jugale et non la
peau ; elle siège dans certains cas uniquement sur la muqueuse
étrocommissurale, affleurant la commissure proprement dite.
lle succède généralement à une leucoplasie le plus souvent
d’origine tabagique (en Inde particulièrement, du fait de fumer
e « bidi » , cigarette à bon marché). La présence chronique de
Candida albicans est fréquente, faisant discuter la possibilité
que la lésion soit, à l’origine, celle d’une candidose chronique.
Des formes verruqueuses de carcinome peuvent être observées
aux commissures labiales. Il s’agit le plus souvent de transfor-
mation maligne d’un carcinome verruqueux d’Ackerman (ou
papillomateuse orale floride) ou de l’évolution d’une PVL
( Proliferative verrucous leucoplakia ) [7] . Dans le premier
cas, il s’agit souvent d’une lésion papillomateuse jugale plus
ou moins verruqueuse qui s’étend en nappe et atteint la
commissure (figure 7 ). Différents stades histologiques ( stade
I , aspect de papillome avec gros bourgeons épithéliaux renflés
à la base), stade II avec apparition de petits bourgeons secon-
daires sur les faces latérales des papilles et épaississement des
couches cellulaires basales) rendent compte de l’évolution
inexorable de ces lésions vers un carcinome infiltrant ( stade
III). Les types 16 et 11 du HPV ont été détectés dans ces lésions
orales. Le traitement est chirurgical suivi d’une surveillance
rapprochée pour détecter les récidives, fréquentes. L’irradiation
de ces lésions n’est pas recommandée en raison du risque
d’évolution vers des carcinomes anaplasiques. Des atteintes
ganglionnaires ont été occasionnellement rapportées et les
métastases sont rares.
Dans la PVL, la lésion de départ peut être une leucoplasie
homogène évoluant progressivement pour devenir inho-
mogène avec des dysplasies, puis éventuellement nodulaire
et/ou verruqueuse avec transformation maligne.
Explora tions
La découverte d’un carcinome épidermoïde labial impose la
recherche, chez les fumeurs, d’une deuxième localisation au
niveau des VADS par un examen complet de la cavité buccale,
de l’oropharynx, du larynx et de l’hypopharynx : une panen-
doscopie peut être proposée. Une radiographie pulmonaire et
une échographie hépatique complètent ces explorations. Pour
Figure 6
Leucoplasie de la face interne de la lèvre inférieure (tabac
chiqué)

Carcinomes des lèvres2


pour examen histologique de la totalité de la pièce. La répara-
tion se fait par glissement de la muqueuse de la face interne de
la lèvre inférieure. Il est à noter que la chéilite actinique peut
être associée à d’autres kératoses actiniques des téguments
exposés, particulièrement la face.
Chéilite actinique et chéilite tabagique peuvent s’associer et
augmenter le risque de carcinome.
Enfin, le carcinome épidermoïde labial peut se développer sur
d’autres lésions précancéreuses comme :
l’e´ rythroplasie de Queyrat (rarement labiale pure) ;
les le´ sions liche´ niennes chroniques ;
les le´ sions de lupus chronique ;
une che´ ilite glandulaire chronique, les cicatrices de bruˆ lures ;
les radiodermites ;
les ulce´ rations chroniques.
Types de description
Le car cinome épidermo ïde se présente le plu s souve nt sous
forme d ’une érosion chro ni q ue, croûteuse, ou comme une
ulcérat i on à b ord s irréguliers, i nf iltran t e, d’évolution l ente
( figure 5 ). L’aspect de tumeur végétante ou bo u rg e onn a nte
est p lus r are . Un signe i mportant est l’indu r atio n de la lésion
qui est perceptible en pé r iphé ri e, pl us o u moins étend ue en
profonde ur, q ui débo rd e to ujou rs largement l es limites visibles
de la lésion. En é volu an t, la tumeur pre n d une forme ul-
cérovégé ta nte. L’extension d u côté b uccal p eut atteindre l e
sillon gingivolabi a l, la gencive et l’os mandi b ulai re ou en
dehors la commissure labi ale et l a j oue avec dans ce de rn ier
cas un p ronostic beaucoup plus sévè re . D es localisati ons l a-
biales multiples so nt p ossibles. Des car cinomes é pi d ermoïdes
peuvent être présents dans d’au tres localisations, V ADS ou
cutanées.
Les métastases ganglionnaires sont habituellement tardives ; l
fréquence des métastases lymphatiques primaires varie de 2
10 % lors de la première consultation [8] ; elles sont sous
mentales, sous-mandibulaires et, dans les cas avancés, pré
auriculaires et jugulocarotidiennes. Les carcinomes très bie
différenciés métastasent dans moins de 10 % des cas alors qu
les carcinomes peu différenciés métastasent près d’1 fois sur 2
Les carcinomes labiaux supérieurs croissent plus vite et métas
tasent plus rapidement que les carcinomes labiaux inférieurs
probablement parce que le drainage lymphatique labial su
périeur est plus riche. Métastases mandibulaires et métastase
multiples entraînant des paralysies de nerfs crâniens ont auss
été rapportées.
Histopat hologie
Le carcinome épidermoïde se développe sur une muqueus
d’apparence saine ou atteinte d’une précancérose originell
que l’on peut encore parfois reconnaître [9] . C’est une prol
fération épithéliale maligne développée aux dépens des kéra
tinocytes. Selon le degré d’infiltration et de franchissement d
la membrane basale, on parle de carcinome in situ (ou intra
épithélial ou dysplasie sévère), de carcinome micro-invasif o
de carcinome invasif.
Dans le carcinome in situ, il existe une transformation segmen
taire de l’épithélium portant sur toute sa hauteur san
modifications de la membrane basale. L’épithélium est irrégu
lièrement stratifié, avec des noyaux de forme et de taill
inégales, hyperchromatiques et des mitoses visibles jusqu’e
surface. Dans le carcinome micro-invasif l’aspect est proche
mais on détecte également quelques brèches dans la basal
avec effraction de cellules carcinomateuses dans le chorion. L
carcinome épidermoïde invasif est fréquemment constat

L Ben Slama


ù les d ysplasies épith élial es sont f ré quentes, faisant le l it du
a r c i n o m e é p i de rm o ï de l a b i al .
es carcinomes labiaux ont par ailleurs été observés chez les
reffés d’organes (reins, coeur, foie) sous traitement immuno-
uppresseur dans des délais variant de 2 à 4 ans [6]. Chez les
ansplantés rénaux par exemple, il est prouvé que le risque est
majoré en fonction du phototype (clair), d’une exposition
olaire élevée et de la durée de l’immunosuppression induite.
e rôle cocarcinogène du HPV (Human Papilloma Virus ),
équemment trouvé dans les lésions de ces patients, demeure
ontroversé. Il l’est moins dans le carcinome verruqueux qui
eut occasionnellement se localiser aux lèvres avec une évolu-
on lente vers la transformation maligne.
’autres affections telles les lésions chroniques (radiodermites,
rûlures) peuvent faire le lit du cancer labial. Il faut également
ter la maladie de Bowen, l’érythroplasie de Queyrat et cer-
aines génodermatoses tel le xeroderma pigmentosum ou
albinisme.
spec ts clinique s
a localisation typique du carcinome épidermoïde labial est le
ers moyen de la lèvre inférieure. C’est également la localisa-
on privilégiée chez la femme même s’il existe un plus grand
ourcentage de localisations labiales supérieures que chez
homme.
iniquement, il apparaît d’emblée, ou se développe sur une
ésion précancéreuse.
ésions précancéreuses
a leucoplasie est la plus fréquente dans notre expérience. Elle
st le plus souvent d’origine tabagique (leucoplasie en pastille
e la lèvre inférieure des fumeurs de cigarette avec parfois une
ésion similaire en « décalque » au niveau labial supérieur)
igure 3 ). Il s’agit de placards plissés blanchâtres plus ou
moins épais et étendus mais superficiels. L’aspect est soit
omogène (hyper-, ortho-, et parakératosique avec un infiltrat
( speckled leucoplakia des anglosaxons) où des dysplasies
épithéliales sont souvent rencontrées [7] . Toute fissuration,
érosion ou végétation apparaissant sur une leucoplasie labiale
fait craindre une transformation maligne.
Le carcinome épidermoïde labial peut aussi se développer à
partir d’une chéilite actinique [6] . C’est une hyperkératinisation
réactionnelle apparaissant sur des lésions initialement érythé-
mateuses et squameuses à surface irrégulière non indurée. Des
croûtes se forment, et leur arrachement provoque de petits
saignements ( figure 4 ). Des surinfections sont possibles. Les
lésions de chéilite actinique doivent être surveillées régulière-
ment (au moins 1 fois par an). Il est difficile d’y apprécier
cliniquement la transformation maligne et un contrôle histo-
logique est souvent indispensable. En présence de dysplasies,
l’exérèse est la règle, souvent en recourant à une vermillo-
nectomie. Il s’agit de l’ablation de l’ensemble de la lèvre rouge
Tableau I
Indicateurs et données du cancer en France métropolitaine
Cance r, toutes locali sations Cancer des VADS + oesophage
Hom mes Femmes Hommes Femmes
Mortalité a 86 520 56 740 9 100 1 600
Incidence (nouvea ux cas) a 161 000 117 000 20 900 3600
Admissions en ALD b 135 100 118 800 15 700 2 950
Séjours hospitaliers c 712 600 55 388
a
Année 2000.
b
Année 2002.
c
Année 20002, hors séances de chimiothérapie et radiothérapie.
Figure 3

Carcinomes des lèvres


La vascularisation et le réseau lymphatique sont très impor-
tants. La sensibilité est assurée par des branches du trijumeau
(V), nerf sous-orbitaire pour la lèvre supérieure, nerf menton-
nier pour la lèvre inférieure, et la motricité est assurée par des
branches du facial (VII).
Carcinomes épidermo ïdes
Aspec ts épidém iologique s
L’incidence exacte des carcinomes de la lèvre est difficile à
évaluer car ils font l’objet d’une approche épidémiologique
globale avec les cancers de la cavité buccale, du pharynx et
du larynx (voies aérodigestives supérieures [VADS]) et les
cancers de l’oesophage. Certaines caractéristiques sont en effet
communes, parmi lesquelles le fait qu’ils soient souvent liés au
tabagisme et à la consommation excessive d’alcool. Les der-
niers indicateurs et données en France [1] figurent dans le
tableau I .
Les 2 4 5 00 nouveaux cas d e cancers de s V ADS et d e l’oe so-
phag e observés corresponde nt pour 63 % à la sphère « lèvres,
cavité buccale, ph a rynx » (pour 17 % au l ar ynx et po ur 2 0 % à
l’oesopha ge). S elon les enquêtes, l a d istribu ti on précise p ar
sous-localisatio n v ar ie, elle n’ est pas t oujours di sponible en
France. En 19 95, sur un t otal de 21 597 cancers d es VADS
(14 9 26 chez l’homme et 6 671 chez la femme), 410 l ocalisa-
tio ns labiales (code 14 0 d ans l a classification ICD-9, e t C00 d ans
l’ICD-10) ont été enregistré es (375 hommes et 35 femmes)
ayant entr a îné 1 04 décès (92 hommes et 12 femmes) [2] .
Dan s le s l ocalisations VADS, le cancer d es lèvre s est en
7 e
position chez l’ho mme et en 9 e
positi on chez la fe mme
par o rd re de fréquence. I l r eprésente 6 ,6 % d es cancers
buccaux en Fran ce (2 % seulement d an s n otre série à l’hôpita l
de la Salpêtrière) [3] .
Ces chiffres sont nettement inférieurs à ceux rapportés de
manière plus générale chez les caucasiens (race blanche), où
le cancer labial représente 25 à 30 % de tous les cancers
buccaux [4,5] . Cette variation est probablement due à une
implication différente des principaux facteurs de risque : radia-
tions ultraviolettes (UV) et tabac.
Le carcinome épidermoïde labial est un cancer de l’homme
d’âge mûr. Le sex-ratio est de 10 à 20 :1. La femme est affectée
dans 2 % à 2,8 % des cas ; 90 % des patients ont plus de 45 ans
et 50 % ont 65 ans et plus [4] . Le carcinome de la lèvre rouge
est beaucoup plus rare chez les ethnies à peau foncée dont les
individus à peau jaune.
Facteu rs étiol ogiques
L’exposition chro nique a u soleil ( UV) consti t ue un risqu e
admis de carcino me labi al prédomin ant chez les personnes
à p eau claire a yant vécu au gra n d a ir, exposées au soleil et
aux intempé ri es (pa ysans, marins) ou vivant dans des lati-
tudes très ensoleillées ( Austra lie, Texas ...). Le rôle carci-
nogène de s UV B est démontré et appara ît prépondé ra nt
devant les U V A et C. Le ri sque augmente ave c la durée d e
l’expo sition et l’âg e, ave c un eff et seu il. C’e st souv ent sur des
lésions de chéilite actini que que l e carcinome épi dermoïde
peut se déve lopper. Son i ncidence n’e st t outefois p as toujours
corrélé e à l’exposition au soleil. Comme on l’a vu , d’autres
facteurs exogè ne s i nt ervienne nt et ont une action synergi-
que, en parti culier l e t abagisme. Le t ab ac qui p eut être
consommé de div erses manières (cig ar ette, p ipe, chiqu e
etc ...) p eut être responsable de kératoses ou le ucoplasies
Figure 1
Anatomie des lèvres
Figure 2
Coupe sagittale de la lèvre inférieure

Cancers ORL : les grands principes thérapeutiques


suivent le traitement initial. Le traitement de ces récidives
reste difficile et souvent décevant , particulièrement quand la
récidive survient après un traitement chirurgical suivi de radio-
thérapie postopératoire. La question d’une chirurgie de rattra-
page après radiochimiothérapie devient une éventualité de
plus en plus fréquente, mais le pourcentage de patients qui
peuvent en bénéficier n ’excède pas 50 %, excepté pour les
récidives laryngées. Les résultats en termes de survie se
situent alors autour de 15 à 25 % à 5 ans. Par ailleurs, les
résultats fonctionnels après chirurgie de rattrapage sont sou-
vent médiocres [29] .
Le risque de métastase à distance est de l ’ordre de 15 % par
an, plus particulièrement encore pour certaines localisations
comme l ’oropharynx ou l ’hypopharynx .
Conclusion
Concernant les tumeurs limitées, la chirurgie fait appel aux
techniques de conservation fonctionnelle, tandis que pour les
tumeurs avancées, les pertes de substance sont traitées par
des techniques de reconstruction complexes, notamment par
les lambeaux libres.
La radiothérapie conformationnelle apporte un progrès indiscu-
table dans la prise en charge de ces tumeurs tant sur le plan
de l ’efficacité que des effets adverses. Pour les tumeurs avan-
cées, la radiochimiothérapie concomitante et la radiothérapie
hyperfractionnée (escalade de doses) ont montré une aug-
mentation modérée mais significative des taux de survie et
de contrôle locorégional. La radiochimiothérapie postopéra-
toire est indiquée dans les formes de mauvais pronostic chez
les sujets âgés de moins de 70 ans. L’association du cisplatine,
du 5-FU et du taxotère est le nouveau standard de la chimio -
thérapie d’induction pour la préservation laryngée dans les
tumeurs avancées (T3-T4).
L’association d’ une thérapie moléculaire ciblée à la radiothéra-
pie a montré sa supériorité (par rapport à la radiothérapie
exclusive) dans la survie pour les tumeurs avancées.
Le traitement des récidives locales dépend des possibilités de
rattrapage chirurgical et/ou de la réirradiation dont les indica-
tions restent souvent limitées.
L’efficacité de certaines molécules en phase 2 métastatique
n ’a jamais été confirmée dans les phases 3 où le bras de réfé-
rence comprenait des sels de platine.
La classification TNM reste le meilleur indicateur pronostique
de la survie.
Si les progrès thérapeutiques ont indiscutablement apporté
une amélioration en termes de morbidité et de qualité de
vie, et si les petites tumeurs gardent un pronostic acceptable
avec un contrôle local dans 80 % des cas, dans les tumeurs
avancées le contrôle local est obtenu dans seulement 30 à
60 % des cas et la survie à 5 ans est de 15 à 40 %.
Concernant les thérapeutiques classiques de ces tumeurs ORL
les progrès potentiels que l’ on peut attendre, notamment en
balistique de radiothérapie, en chirurgie réparatrice avec les
lambeaux libres, avec de nouvelles drogues cytotoxiques en
chimiothérapie, amélioreront très certainement le pronostic
de ces tumeurs. C ’est l ’ association de ces thérapies standards
qui permettra un meilleur contrôle tumoral. Le développement
des essais cliniques coopératifs est un impératif pour tester
objectivement ces nouvelles stratégies.
C’est certainement en biologie moléculaire que les progrès
sont à attendre en améliorant la connaissance de la signalé-
tique des cellules tumorales, pour mettre en évidence de nou-
velles cibles thérapeutiques.
Conflits d ’ intérêts : aucun
Ré féren ces
1 Auperin A , Hill C . Épidémiologie des carcino -
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Carcinomes des lèvres


Lotfi Ben Slama
Services de stomatologie et chirurgie maxillo-faci ale de l’hôpita l de la Salpêtri ère et
de l’hôpita l américa in de Paris, F-75116 Paris, France
Correspondance :
Lotfi Ben Slama, 69 rue de la Tour, F-75116 Paris, France.
lbenslama@ noos.fr
Disponible sur internet le :
6 septembre 2008
L es lèvres sont constituées de toutes les parties molles qui
forment la paroi antérieure de la cavité buccale. De nombreuses
tumeurs malignes peuvent occasionnellement les affecter. La
plus fréquente (plus de 90 % des cas), est le carcinome
épidermoïde, ou épithélioma spinocellulaire, dont la localisa-
tion est typiquement labiale inférieure (plus de 95 % des cas),
rarement labiale supérieure. La précession d’une lésion épithé-
liale précancéreuse est très fréquente. D’autres carcinomes
sont rencontrés, en particulier salivaires naissant des glandes
salivaires accessoires sous-muqueuses et basocellulaires,
plutôt rares dans cette localisation.
Rappels anatomique s
Les l èvres p résentent 3 zones : un versant cutané p ur, le
vermillon ou lè vre rouge (zone de Klein) e nt re la zone de
contact d es 2 l èvres e t l a p eau, un versant muqueux pur q ui
se réfléchit sur la genc ive en formant le vestibule b uccal
( figure 1 ).
La structure des lèvres comporte de dehors en dedans : la peau,
épaisse et riche en follicules pileux et glandes sébacées, le tissu
cellulaire sous-cutané, absent dans la région médiane et
commissurale, le squelette musculaire ; une couche de glandes
muqueuses salivaires labiales, et la muqueuse, très adhérente
à la couche glandulaire ( figure 2 ).
Key points
Carcinoma of the lips
Epidermoid carcinoma , that is, squamous cell carcinoma of the
skin, is the most common malignant tumor of the lips.
It occurs especially in men .
Its primary causes are sun exposure, smoking, and chronic
irritation.
Leukoplakia is the most frequent precancerous lesion.
Epidermoid carcinoma may appear clinically as a scaly erosion or
an ulceration.
Standard treatm ent is surgical excision with reconstruction.
Points essentiels
Le carcinome épidermoïde est la tumeur maligne la plus fréquente
des lèvres.
Il survient surtout chez les hommes .
Les causes essentielles sont l’exposition solaire, l’usage du tabac,
des irritations chroniques.
La leucoplasie est la plus fréquente des lésions précancéreuses.
L’aspect clinique du carcinome épidermoïde peut être une
érosion croûteuse ou une ulcération.
Le traitement habituel est la chirurgie d’exérèse avec plastie de
reconstruction.
tome 37 > n 8 10 > octobre 2008
doi: 10.1016/j.lpm.2008.06.008

Poissonnet G, Benezery K , Peyrade F, Bozec A , Bensadoun R J , Marcy PY et al


co nve n tionne lle e n termes d e contrô le tumoral l ocal. E n reva n -
che, elle a peu d’impact sur l a s urvie. Cepend ant la toxicité tar-
dive, qu i rest e un fa cteur limita n t de l’irradiation, n’est pas
inf luencée par l’a ugmentation d e la do se tota le.
La radiothérapie accélérée se justifie par le fait que les cancers
épidermoïdes de la tête et du cou sont des tumeurs à prolifé-
ration extrêmement rapide: leur temps de doublement poten-
tiel est de moins de 3 jours. Par ailleurs, par rapport à la radio-
thérapie conventionnelle, l’ allongement de la radiothérapie a
un effet néfaste lié à la probabilité de perte de contrôle tumo -
ral, qui est variable, mais constante. D ’où l ’idée d’accélérer le
traitement pour obtenir de meilleurs résultats. Une hypothèse
qui semble confirmée en termes de contrôle local de la
tumeur, mais, là encore, sans effet significatif sur la survie.
Enfin, la curiethérapie consiste à délivrer des rayons au plus
près de la tumeur par l ’intermédiaire de sources radioactives
telles que le césium-137, l ’ iridium-192 ou l ’iode -125.
Ces sources sont appliquées dans l ’organisme au contact des
cellules cancéreuses, soit directement , soit scellées dans des
“vecteurs”. Cette méthode permet d’ irradier la tumeur en pro-
tégeant au maximum les organes voisins et dans certains cas
d’ éviter les traitements chirurgicaux . La curiethérapie s’adresse
au traitement de tumeurs de petit volume, aux contours précis
et facilement accessibles (voile du palais, luette, etc. ).
Les effets secondaires observés durant l ’irradiation sont essen-
tiellement la radio-épithélite et la radiomucite qui peuvent
nécessiter la mise en place d’ une alimentation entérale conti-
nue par sonde. Ils sont habituellement réversibles mais leur
intensité peut parfois imposer l ’arrêt du traitement qui est un
facteur pronostique péjoratif pour le contrôle de la maladie et
la survie. Les complications chroniques surviennent à partir de
la sixième semaine après la fin du traitement ; les plus fré-
quentes sont la xérostomie et l ’induration tégumentaire cervi-
cale. Les complications dentaires doivent être prévenues par la
remise en état avant traitement et par des soins quotidiens
(bains de bouche, gouttières f luorées) à vie. La toxicité tardive
comme la constriction permanente des maxillaires, la sténose
pharyngée, la nécrose laryngée et la myélite post-radique plus
rares sont toujours à redouter. La toxicité actinique peut être
majorée par une chimiothérapie concomitante.
Chimiothérapie
La chimiothérapie a été proposée pour tenter d’ améliorer le
contrôle local et la survie selon plusieurs modalités [4, 11] :
en induction, adjuvante ou concomitante à la radiothérapie.
Jusqu ’à présent , aucun des médicaments utilisés, seuls ou
combinés, en induction ou dans un but adjuvant n ’a jamais
démontré un bénéfice significatif sur la survie quels que soient
le stade et la localisation tumorale [12] .
Cependant , la chimiothérapie d’ induction a montré un intérêt
dans la préservation laryngée, des cancers avancés du larynx
et de l ’hypopharynx , avec une bonne corrélation entre la chi-
miosensibilité et la radiosensibilité, en permettant des taux d
larynx préservés non opérés de l ’ordre de 40 à 60 % à surv
inchangée [12-15]. Les modalités actuelles reposent soit su
l ’administration classique de cisplatine à 100 mg/m 2
àJ1etd
5-FU à 1 000 mg/m 2
de J1 à J5, selon 3 cycles débutant à J
J22, J43 (protocole PF), soit sur une combinaison de taxotère
75 mg/m2
à J1, de cisplatine à 75 mg/m 2
à J1 et de 5-FU
750 mg/m 2
de J1 à J5, selon 3 ou 4 cycles débutant à J1, J2
J43 (protocole TPF, essais EORTC 24971/TAX 323). L’apport d
taxotère a permis la diminution des doses de cisplatine et d
5-FU favorisant ainsi la tolérance et l’ observance au traite
ment . Le protocole TPF suivi de radiothérapie est significative
ment supérieur au protocole PF suivi de radiothérapie en te
mes de taux de réponse, de survie sans progression de
maladie et de survie globale (essai GORTEC 2000 - 01). L’effica
cité du protocole TPF en induction a été confirmée avant radio
chimiothérapie (avec carboplatine) en termes de survie san
progression (essai TAX 324). La chimiothérapie d’inductio
puis concomitante à la radiothérapie améliore le taux d
réponse au prix d ’une toxicité muqueuse plus élevée d
l ’ordre de 20 % [16] . Le protocole TPF s ’impose actuellemen
comme le nouveau standard quand une chimiothérap
d’ induction est indiquée.
L’association concomitante de la chimiothérapie cytotoxique e
de la radiothérapie permet d’améliorer le contrôle local et d
réduire le risque de dissémination métastatique des tumeu
avancées (stades III et IV). Elle est également une alternativ
possible comme traitement exclusif des tumeurs du pharyngo
larynx qui relèvent d’une laryngectomie totale [17] .
La radiochiomiothérapie a été évaluée avec une monothérap
(5-FU, hydroxyurée, mitomycine, sels de platine) ou e
polychimiothérapie.
Actuellement elle peut être considérée comme un traitemen
standard des tumeurs de stades III et IV non résécables, e
sachant que la mucite en est le principal facteur de toxicit
limitant [18] . La toxicité tardive est plus fréquente pour le
tumeurs du larynx et de l ’hypopharynx , et son bénéfice n
pas été réellement démontré chez les patients âgés de plus d
70 ans.
Deux essais randomisés comparant la radiothérapie et la radio
chimiothérapie postopératoire (avec 3 cures de cisplatine) che
des patients atteints d ’un cancer des VADS avec au moin
2 facteurs de risques péjoratifs (marges d’exérèse tumoral
adénopathie en rupture capsulaire) ont démontré une amélio
ration de la survie en faveur de la radiochimiothérapie pos
opératoire (EORTC 22981, RTOG 9501) [14, 19] .
Des protocoles de réirradiation avec chimiothérapie concom
tante pour les récidives locorégionales ont été proposés san
progrès décisifs en termes de survie et au prix d’une toxicit
élevée. Le traitement des récidives locorégionales par réirradia
tion avec chimiothérapie concomitante (5-FU et hydroxyurée

Cancers ORL : les grands principes thérapeutiques


sepsis cervical particulièrement en situation post-radique. Ceci
implique une fiabilité optimale du lambeau et une morbidité
minimale du prélèvement .
En parallèle avec l ’objectif carcinologique, la réinsertion socio -
professionnelle grâce à une restauration de la qualité de vie
doit être prise en compte d’ emblée. Il s’agit de limiter les
séquelles fonctionnelles par la préservation ou le rétablisse -
ment des fonctions de mastication, de déglutition, d’élocution
et d’ouverture buccale, mais aussi de diminuer la rançon
esthétique à la fois cervicofaciale et au niveau du site de pré-
lèvement du lambeau. C ’est donc savoir utiliser des techniques
fiables pour conserver la mobilité linguale et l ’indépendance
des structures anatomiques (vestibules, plancher de la bou-
che), restaurer la continuité mandibulaire ou préserver la fonc-
tion vélopharyngée, ou bien encore restaurer la sangle labio -
mentonnière ou préparer et faciliter une réhabilitation
dentaire ultérieure. Pour cela, il faut disposer d’un large choix
de moyens de reconstruction adaptés à chaque type d ’exérèse
et d’ une fiabilité maximale.
Toutes ces techniques vont trouver une place de choix dans la
réparation des tissus radionécrotiques ; il s ’agit d ’une chirurgie
délicate et difficile, comme celle de la prise en charge d’ un
pharyngostome post-radique évolué ou d’ une ostéoradioné-
crose mandibulaire.
Enfin, la réhabilitation du laryngectomisé permet actuellement
d’ obtenir des résultats particulièrement gratifiants grâce à la
mise en place d ’une prothèse phonatoire dans le même
temps que celui de la laryngectomie, l ’utilisation précoce de
filtres de trachéostome puis d ’une valve phonatoire “mains
libres” qui permet une vocalisation quasi naturelle grâce à
une rééducation orthophonique ciblée.
Radiothérapie
La radiothérapie est un traitement dit “locorégional” parce
qu ’il agit directement sur la zone du cancer et sur sa proche
périphérie, notamment sur les premiers ganglions. L’irradiation
par voie externe (transcutanée) est le type de radiothérapie le
plus utilisé.
Le trai te ment par radi othérapi e i mpl ique un co m pro mi s e ntre l a
néce ssi té d’ir ra dier suff is amment l e ti ssu c ancéreux pour per-
mett re le co ntr ôle l oca l d e l a t umeur et la vo l onté d’irra dier au
mi nim um l es ti ssus sai ns voisi ns af in de l im iter la morbi dité. Les
progrès technol ogi ques en i ma gerie médi ca le, e n inf ormati qu e
et en radi othérapi e o nt permi s, depuis u ne décenni e, de déve -
l opper l a ra diot hé ra pie conform at ionnell e, qui se “co nf or me” au
mi eu x à l a géom étrie d ans l’espace tri dim ensi onnel de l a
tumeur. L a radiothérapi e co nform ationnell e e n 3 di me nsi ons
(RC3D), e n conform ant les faisceaux d’i rradi ation au vol ume
tumoral à trai te r, prés ente théori quement 2 avantages. D’une
part , pour une dose d’irradiation similaire à la radiothérapie
co nventi on nel le, el le dim inuerai t la morbi dité des tis sus sai ns
vo i s in s . D’autre p art en perm ettant d’augm enter l a dose d ans
les tissus cibles, elle vise à améliorer le contrôle tumoral local,
sans a ccroî tre l a m orbidi té i ndui te . On p arl e alors d’optim isati on
de l’index thérapeuti que (rapport e f fi cacité/ tox ici té).
Cela est d ’autant plus important dans les cancers des voies
VADS, où les volumes cibles tumoraux sont à proximité de
nombreux organes sensibles (que l ’on souhaite donc protéger)
comme la moelle épinière, la peau et les muqueuses, les piè-
ces osseuses et cartilagineuses, les dents, les glandes salivai-
res (parotides), mais également les globes oculaires, les nerfs
optiques, l ’encéphale, etc. Il faut bien se représenter que le ou
les volumes- cibles considérés incluent non seulement la
tumeur proprement dite, mais également les territoires
d’ extension éventuels et les aires ganglionnaires de drainage.
L’étape ultérieure est la radiothérapie conformationnelle par
modulation d’intensité ou “RCMI ”. Par son principe physique,
elle permet de modifier volontairement la dose au sein même
du champ d’irradiation, en modulant l ’intensité en énergie des
faisceaux d’irradiation [8]. Le progrès de cette technique,
devenue opérationnelle en France au cours de l ’année 2000,
réside essentiellement dans sa capacité à épargner les organes
à risque et à couvrir de façon plus efficace (plus homogène et
plus précise) les volumes cibles. C ’est notamment le cas où les
volumes cibles sont de forme concave autour d ’organes à
risque (tumeur de la paroi pharyngée postérieure enroulée
autour de la colonne vertébrale par exemple) et plus particu-
lièrement en cas de nécessité d’irradier de nouveau une
tumeur [9] . Cette technique permet également l ’escalade de
dose avec un meilleur index thérapeutique, avec comme
espoir un meilleur contrôle de la maladie et une amélioration
notable de la qualité de vie. En effet , la protection des glandes
salivaires peut apporter un confort non négligeable pour les
patients, en diminuant voire en évitant l ’hyposialie ou encore
“xérostomie” , séquelle parfois majeure bien connue des trai-
tements par irradiation sur la sphère ORL .
L’index thérapeutique de la radiothérapie peut également être
augmenté par différents moyens comme les modifications du
fractionnement , l ’utilisation de radiosensibilisants ou de radio-
protecteurs ou l ’association avec de la chimiothérapie. Les pro-
grès obtenus (ou attendus) grâce à ces possibilités incitent à
s ’interroger sur la place actuelle de la radiothérapie conven-
tionnelle dans les cancers des VADS [10] .
Le fractionnement peut concerner la dose totale ou le temps
total. À partir des modifications de ces paramètres, trois sché-
mas sont possibles : hyperfractionné (augmentation de la dose
totale à temps constant), accéléré (diminution du temps total
sans modification de la dose totale) voire très accéléré (dimi-
nution du temps total et de la dose totale).
Au cours de l a radiot hé rap ie hyper fract io nnée, la diminut io n d e la
dose/fract io n p ermet d’é pargner les tissu s sa ins à re n ouvelle -
ment t ardif concernés pa r les effets ta rd ifs du traitement (fibrose,
nécrose ) . L a dose p e u t ê tre a u g me nt ée ju squ’à 8 0 G y. Cette
radiothérapie m odifiée s’av ère sup érieure à la radiot hé rap ie

Poissonnet G, Benezery K , Peyrade F, Bozec A , Bensadoun R J , Marcy PY et al.


Les objectifs thérapeutiques reposent d’ une part sur la préven-
tion primaire avec la diminution des facteurs de risque princi-
paux que sont le tabac et l ’alcool, la prévention secondaire par
le dépistage théorique des sujets les plus à risque (tabac
alcool, lésions précancéreuses, etc .) et d’autre part sur la stra-
tégie thérapeutique adaptée de la maladie avérée (cas le plus
fréquent).
Le bila n p ré thérapeutiqu e représente le p oint de dépa rt dans
l’histoire de la maladie d’un patient , il va co nditionner s a g uérison
ou son évolut i on, i l s e do i t d’ê tre p réc is et ex ha ustif. Le b i la n l oco -
ré gio n al né ce ssite une pan - endo sco pie ORL s ous ane s thé sie g éné -
rale, a sso ciée s i po ssible à u ne f ib ro sco pie bronc hique et œsoga s-
trique, à la re cherche d’une se co n de lo ca lisa tion ( 10 à 20 % des
ca s) ou d’une f ré qu ent e ma ladie asso ciée ( infe ctio n b ro nchiq ue,
œsopha git e, ulcè re ga strod uo dén al, e tc .). D e s b i op sie s sont effec-
tu ée s à visé e h isto dia gnost iq ue et un sché ma ré su me l’ex a m e n
endoscopique. Le bilan est complété par u ne imagerie médica le
or ient ée, t êt e e t cou (TDM : to mo de n sit omé tr ie, IRM : i mag er ie
pa r ré so n ance mag n ét ique, éc h og ra phie ) e t à d i st ance (TDM t h o -
racomé diast i nale, T EP : to m og ra phie p ar é mission de p osito ns).
L’éta t dent aire est app ré cié (pa n orex , consultation spécialisée).
Le bilan préthérapeutique aboutit à une classification TNM qui
est un facteur pronostique majeur et la clef de voûte des indi-
cations thérapeutiques.
Par ailleurs, un bilan général clinique et biologique selon le
terrain évalue non seulement l ’opérabilité mais aussi les suites
fonctionnelles prévisibles (EFR : épreuves fonctionnelles respi-
ratoires, bilan cardiologique, vasculaire, etc .). On précise ainsi
l ’état général et nutritionnel du malade, l ’impact des comorbi-
dités associées en utilisant des scores pour aboutir à des échel-
les de classification pertinentes comme l ’index de Karnovski, le
Performans Status de l ’OMS ou le score ASA . L’âge chronolo -
gique du malade n ’est pas un facteur limitant , c ’est plutôt
l ’âge physiologique qui sera apprécié.
Stratégie thérapeutique
Traitements chirurgicaux
Les progrès de la chirurgie ont été réalisés dans 4 grandes
directions : l ’exérèse de la tumeur primitive, les évidements
ganglionnaires cervicaux , la réparation de la perte de subs-
tance chirurgicale et la prise en charge du handicap pour les
chirurgies mutilantes (laryngectomisés).
En ce qui concerne les voies d’ abord chirurgicales, les techni-
ques les moins mutilantes sont utilisées, en favorisant les
voies camouf lées comme le respect labial inférieur par la tech-
nique du degloving pour les tumeurs buccopharyngées posté-
rieures (buccopharyngectomies transmandibulaires conserva-
trices) [4] ou bien encore l ’usage de voies combinées
endorales et cervicales pour le pharynx , qui préservent la
mandibule. C ’ est aussi la voie vestibulaire supérieure endobuc-
cale pour les cavités nasosinusiennes.
L’exérèse de la tumeur représente la limitation des indications
de chirurgie mutilante du larynx (laryngectomie totale, pha-
ryngolaryngectomie totale) avec trachéostomie définitive aux
lésions évoluées T4 transglottiques ou en rattrapage post-
radique. Les laryngectomies partielles et reconstructrices son
le développement des techniques de conservation fonction-
nelle laryngée ; elles s’ adressent aux lésions limitées du
pharyngolarynx comme les laryngectomies ou pharyngo -
laryngectomies supraglottiques, les hémipharyngolaryngecto-
mies supraglottiques ou supracricoïdiennes, la cricohyoïdo-
épiglottopexie (CHEP), la cricohyoïdopexie (CHP), ou la
laryngectomie frontale antérieure reconstructive [5] .
La chirurgie ganglionnaire cervicale est bien systématisée e
les aires de drainage sont sectorisées [6] . Les techniques de
curages ganglionnaires cervicaux ont évolué, elles sont de
plus en plus conservatrices, comme le curage dit fonctionne
qui respecte la veine jugulaire interne, le nerf spinal et le mus-
cle sternocleidomastoïdien, mais aussi les branches de division
de la carotide externe, le réseau veineux jugulaire externe, e
les rameaux sensitifs profonds du plexus cervical. L’ améliora-
tion des techniques d ’imagerie autorise la réalisation de cura-
ges sélectifs de secteurs ganglionnaires précis, et la lympho -
scintigraphie et détection du ganglion sentinelle pour certaines
localisations tumorales de la cavité buccale (T1 et T2 N0) es
encore en cours d ’évaluation. Le curage dit traditionnel reste
réservé aux ganglions en rupture capsulaire ou à une masse
interstitielle cervicale.
Des progrès majeurs dans la chirurgie réparatrice de la face e
du cou ont été réalisés cette dernière décennie [7] . Elle répond
à des impératifs ambitieux qui sont une chirurgie la plus carci-
nologique possible, la diminution des complications postopé-
ratoires et de la morbidité afin de faciliter la réinsertion socio -
professionnelle et de rétablir une qualité de vie optimale.
Les techniques de réparation font appel à des procédés classi-
ques comme les sutures simples, les greffes cutanées et les
lambeaux cutanés ou myocutanés locorégionaux pédiculés
(muscles grand pectoral, grand dorsal, etc .). L’ avènement des
lambeaux pédiculés puis libres prélevés à distance et micro -
anastomosés, simples ou composites, autorise l ’augmentation
des marges de sécurité d’ exérèse par la possibilité de grandes
surfaces disponibles et le comblement de volumes importants
(cancers infiltrants). Ces lambeaux autorisent le sacrifice et la
réparation de structures complexes comme la réparation d’une
interruption mandibulaire (transplant osseux de fibula
[péroné], parascapulaire, etc .), la reconstruction d ’un voile du
palais (lambeau antébrachial libre) ou d’une voûte palatine
des sillons vestibulaires ou pelvilinguaux .
Les lambeaux vont permettre aussi le rétablissement de la
continuité pharyngo -œ sophagienne après pharyngolaryngec-
tomie circulaire (lambeau antébrachial microanastomosé
etc .) ou de fermer un orostome ou un pharyngostome chirur-
gical et protéger ainsi un axe carotidien en prévenant fistule e
tome 36 > n° 11 > novembre 2007 > cahier 2

Situation actuelle et objectifs


Les cancers ORL ou des voies aérodigestives supérieures
(VADS) regroupent les tumeurs solides de la cavité buccale,
du pharynx et du larynx .
Ils sont f ré quents en Europe et pa rticulière ment en France où leu r
incid ence a nnu elle, la p lu s élev ée a près l a H ongrie, const it ue le
cinquième c ance r l e p lus f réq uent , après l es ca ncers d u s ein, d u
côlon e t d u rectu m, de la prosta te et d u po umon. E n France, cett e
incid ence a été est imée en 200 0 au x alentou rs de 2 0 0 00 nou -
veaux c as chez l’homme ( 4e
rang par ordre de fré quence) et
3 000 nouvea ux cas c hez l a fe mme (1 4e
ra n g p a r o rd re d e fr é -
que nce). L a m orta lité chez l’homme, aprè s u n p ic de fréq uence à
39 po ur 100 00 0 en 1976, a été divisée pa r 2 à ce j ou r, soit un
retou r a u tau x de 1950. Chez la femme si l a m orta lité est bien
moind re, en reva nc he, e lle a dou blé depu is 195 0, p our ê tre à ce
jour a u x a le nt ours d e 8 po ur 100 000 . L a m or talité des carc ino -
mes des VADS est t rès i négale selon le s régions f rança ises, da ns
les dé part eme n ts du Nord Pas- de -Calais, e lle a pproche du do uble
de celle de s dé part eme n ts d u Su d- Ouest [1].
En France, 90 % des décès par cancer des VADS chez l’ homme
sont attribuables au tabac et/ou à l ’alcool [1] . Il existe une
corrélation entre l ’âge du début de l’ exposition, la dose jour-
nalière, la durée de l ’exposition et le risque carcinologique. La
mortalité par cancers des VADS est 7 fois plus élevée chez les
fumeurs de cigarettes que chez les non-fumeurs et reste 3 fois
plus élevée chez les ex-fumeurs que chez les non-fumeurs. Le
rôle du cannabis comme carcinogène est établi [2] , en particu-
lier dans l ’incidence des cancers de la langue chez des sujets
de moins de 40 ans. En ce qui concerne l ’alcool, le risque est
proportionnel à la dose d’alcool pur consommé, sans effet de
seuil. L ’association alcool-tabac “surmultiplie ” le risque relatif
de cancer des VADS : un sujet qui fume 25 cigarettes et boit 10
verres de vin (environ 100 g d ’alcool pur) par jour voit son
risque relatif multiplié par 100.
carcinogènes pou r l e cancer d e l a cavité bucc ale, l e virus EBV
(Epstein-Barr Virus) po ur l es carcinomes indifférencié s du naso -
phar ynx ( UCNT), ce rtains papillo mav ir us po ur l’orophar ynx o u l e
larynx (HPV 16 et 18 ), l’ex posit ion au x hyd roc arbures polyc yc li-
que s pour la cavité buccale e t le larynx , l’amiante pou r l e carci-
nome du larynx , le s poussières de b ois pour l’ad énocarcinome d e
l’ethmoïde sont co nnu s. L’immunodépression induite pa r cert ains
traitements post- greffe s o u acquise comme po ur le sida prédis-
pose à la su rvenue d’un cancer des VADS.
La meilleure prévention des cancers ORL passe par une réduc-
tion effective et durable de la polyconsommation régulière du
tabac et de l ’alcool. Des actions éducatives régionales précoces
sont à la base de toute politique de prévention.
Le particularisme de ces tumeurs rend compte de l ’histoire
naturelle de ces cancers qui touchent le plus souvent l ’homme
de 50 à 70 ans.
En effet , dans leur grande majorité ce sont des carcinomes
épidermoïdes plus ou moins différenciés (90 % des cas).
Ces tumeurs siègent dans une région anatomique complexe,
aux nombreuses localisations et sous-localisations, dont la
lymphophilie est importante (15 à 50 % d’atteinte ganglion-
naire selon le site tumoral pour les cous “N0” ) [3] . Ces parti-
cularités compliquent à l a fois le bilan préthérapeutique e t l e
traitement (abord chirurgical, procédé de réparation, balistique
des radiations ionisantes à hautes doses, etc .).
En France, la distribution de ces tumeurs selon la localisation
est approximativement la suivante : cavités nasosinusiennes et
nasopharynx 5 %, lèvres 10 %, cavité buccale 20 %, oropha-
rynx 25 %, larynx 25 %, hypopharynx 15 %.
Le diagnostic est fait le plus souvent à un stade tardif chez des
patients souvent négligents car l ’évolution est essentiellement
locorégionale cervicofaciale, et c’est à un stade déjà avancé
que le syndrome de masse endocavitaire et/ou cervical va
entraîner un retentissement fonctionnel sur les fonctions de
déglutition et de respiration. Une adénopathie cervicale indo -
lore d’apparence isolée est souvent longtemps négligée par le
patient . Le larynx constitue une exception par la dysphonie
présente dès le début de la maladie pour les tumeurs de la
corde vocale.
Par ailleurs, on note la grande fréquence des localisations mul-
tiples synchrones ou métachrones (10 à 20 %), le risque évo-
lutif important de récidive locorégionale et un taux de métas-
tases à distance (poumons, foie, os, système nerveux central)
de 5 à 15 %.
Les comorb id it és asso c ié es sont fréque nt es (plus de 50 % de s c as
lors d e la pre mière co nsultat ion), n ota mment cardiorespirat oires,
hépa tiques, vasculaires et le s ca rences nu tritionnelles m ultiples.
Enfin le caractère algique et mutilant de ces tumeurs malignes
qui vont devenir “ visibles ” aggrave le handicap et augmente
encore les difficultés thérapeutiques, compliquées de plus par
un contexte socioprofessionnel souvent difficile.
ssaire
P cricohyoïdoépiglottopexie
cricohyoïdopexie
Epstein-Barr Virus
épreuves fonctionnelles respiratoires
Epidermal Growth Factor
T radiothérapie par modulation d’ intensité
imagerie par résonance magnétique
D radiothérapie conformationnelle
en 3 dimensions
I radiothérapie conformationnelle
avec modulation d’ intensité
F récepteur de l ’ EGF
tomodensitométrie
tomographie par émission de positons
T carcinomes indifférenciés
du nasopharynx
S voies aérodigestives supérieures

Cancers ORL : les grands principes thérapeutiques


Gilles Poissonnet , Karen B en ezer y, Frédéric Peyrade, A lexandre B ozec ,
ené- Jea n B en sa doun, P ierre Yve s M arc y, J osé Santini, Olivier Dassonv ille
isponible sur internet :
 23 avril 2007
Institut universitaire de la face et du cou de Nice et Centre Antoine -Lacassagne,
Nice (06)
Correspondance :
Gilles Poissonnet , Centre Antoine -lacassagne, 33 avenue de Valombrose,
06189 Nice Cedex .
Tél. : 04 92 03 14 38
Fax : 04 92 03 15 68
gilles.poissonnet@cal.nice.fnclcc.fr
■ Key points
pper aerodigestive tract carcinoma:
herapeutic management
ancers of the upper aerodigestive tract cover the solid tumors of
he oral cavity, pharynx and larynx .
he principal risk factors identified are smoking and alcohol.
Moreover, the combination of alcohol and smoking increases the
elative risk by more than simple multiplication.
he pretreatment work-up represents the starting point in the
atural history of the patient ’s disease and conditions recovery and
me course; it must be both specific and exhaustive. It leads to a
NM classification or staging that is a major prognostic factor and
ssential to determination of the appropriate therapy.
atients with cancer of the upper aerodigestive tract must receive
ooperative multidisciplinary treatment .
onservative treatment strategies must be favored. Treatment is
ssentially surgical and radiological.
rognosis for survival is poor. For all stages and sites together,
-year survival remains between 30 and 40%.
■ Points essentiels
Les cancers ORL ou des voies aérodigestives supérieures regrou-
pent les tumeurs solides de la cavité buccale, du pharynx et du larynx .
Les principaux facteurs de risques identifiés sont le tabac et l’al co ol .
De plus, l’association alcool-tabac “surmultiplie” le risque relatif.
Le bilan préthérapeutique représente le point de départ dans
l ’histoire de la maladie d ’ un patient , il va conditionner sa guérison
ou son évolution, il se doit d ’être précis et exhaustif. Il aboutit à une
classification TNM qui est un facteur pronostique majeur et la clef de
voûte des indications thérapeutiques.
La prise en charge des patients atteints de cancers ORL doit faire
l ’objet d ’ une concertation thérapeutique pluridisciplinaire.
Les stratégies thérapeutiques conservatrices doivent être privilé-
giées. Le traitement est essentiellement radiochirurgical.
Le pronostic de survie est mauvais. Pour tous stades et localisa-
tions confondus, la survie reste en moyenne entre 30 et 40 % à
5 ans.


E. Boutremans et al. Rev Stomatol Chir Maxillofac 2006;107:179-180
Réponse
Il s’agit d’une sialométaplasie nécrosante.
Décrite pour la première fois par Abrams  et al. en 1973, cette
lésion, relativement rare, est une ulcération inflammatoire
non néoplasique des glandes salivaires accessoires [1]. Elle
représente environ 0,03 % des lésions diagnostiquées par
biopsie [2].
Cette lésion presque exclusivement palatine a néanmoins été
observée dans d’autres localisations : régions rétromolaire et
linguale, cavité nasale, sinus maxillaire, glandes salivaires
majeures (sous-maxillaires, parotides et sub-linguales) [1-4].
La lésion débute par une tuméfaction focale douloureuse.
Après quelques jours, celle-ci fait place à une ulcération à bords
nets, pouvant s’étendre jusqu’à l’os, entourée d’un halo
érythémateux [2]. Une fois l’ulcération installée, elle occa-
sionne peu de douleur [5].
Si l’étiopathogénie est mal connue, certains auteurs suggèrent
qu’une atteinte physico-chimique des vaisseaux sanguins
serait responsable de perturbations ischémiques au niveau
des glandes salivaires conduisant à leur infarcissement [1].
Les facteurs étiologiques évoqués sont multiples : intuba-
tions difficiles, anesthésies locales, prothèses mal adaptées,
vomissements violents répétitifs (rencontrés dans les cas
d’anorexie/boulimie), les infections locales, le tabac, la radio-
thérapie ou encore la prise de cocaïne [1-4]. Le diabète et
l’alcoolisme chronique sont un terrain favorisant [1].
Du point de vue anatomo-pathologique, l’ulcération contient
un tissu de granulation non spécifique, on note une nécrose
des lobules salivaires de  type ischémique en périphérie, une
néovascularisation et une métaplasie épidermoïde des canali-
cules et des acini muqueux au centre de la lésion [2]. Contraire-
ment aux carcinomes salivaires, l’architecture lobulaire garde
toute son intégrité dans la sialométaplasie nécrosante  [1].
L’examen histopathologique réalisé sur le prélèvement biopsi-
que a confirmé chez notre patient le diagnostic de sialométa-
plasie nécrosante.
La guérison est habituellement spontanée et s’observe en 7 à
10 semaines, laissant habituellement une cicatrice. Ce qui fut
le cas chez notre patient.
Les ressemblances cliniques et histologiques avec les néopla-
sies orales (carcinomes), soulignent l’importance d’un dia-
gnostic précis et précoce afin d’éviter d’éventuels traitements
inutilement mutilants.
Références
1. Femopase FL, Hernandez SL, Gendelman H, Criscuolo MI,
Lopez de Blanc SA. Necrotizing sialometaplasia: report of 5 cases.
Med Oral 2004;9:304-8.
2. Piette E, Reychler H. Traité de pathologie buccale et maxillo-
faciale. De Boeck université, 1991, p. 1126.
3. Fowler CB, Brannon RB. Subacute necrotizing sialadenitis: report
of 7 cases and a review of the literature. Oral Surg Oral Med Oral
Pathol Oral Radiol Endod 2000;89:600-9.
4. Scully C, Eveson J. Sialosis and necrotizing sialometaplasia in
bulimia; a case report. Int J Oral  and Maxillofac Surg 2004;
33:808-10.
5. Scully C, Gorsky M, Lozada-Nur F. The diagnosis and manage-
ment of recurrent aphtous stomatitis: a consensus approach.
J Am Dent Assoc 2003;134: 200-7.

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